Il y a deux ans, congédié à l’américaine avec un petit carton sur les bras et les poings fermés de rage, j’étais resté sur un constat un peu tragique. L’an dernier, remercié par la faute d’un tableau Excel, j’avais conclu sur un ton franchement doux amer.
A l’aube de l’An 2010, pour ne pas rafraîchir à nouveau l’ambiance de franche rigolade qui caractérise notre époque et faire mentir l’adage « jamais vœux sans froid », je me suis bien gardé, ces douze derniers mois, de signer le moindre contrat de travail.
Pour la première fois depuis décembre 2008, mon souhait s’est donc réalisé, je n’ai pas été viré.
J’ai en effet dû refuser un certain nombre de jobs en or, pour les raisons suivantes :
- Président des Etats-Unis : au fond, moi, je suis vraiment noir.
- Président de la République française : il paraît que le poste, vacant depuis 2007, doit le rester jusqu’en 2012.
- Président du conseil italien : je souhaitais appliquer le programme de Mussolini, on m’a reproché d’être trop à gauche, ou celui de la Cicciolina, je ne sais plus.
- Président du Conseil européen : j’ai plus d’amis sur Facebook qu’Herman Van Rompuy.
- Président de l’EPAD : titulaire du BEPC, on m’a expliqué que j’étais trop qualifié.
- Ministre de l’Immigration et de l’Identité Nationale : je n’aurais jamais pu accepter ce maroquin sans avoir l’irrésistible envie de le renvoyer chez lui.
- Pape : je voulais béatifier Robert Faurisson, le Vatican m’a fait remarquer qu’il était, Dieu merci, toujours vivant.
- Imam en Suisse : je suis trop grand, avec un turban sur la tête j’ai l’air d’un minaret.
- Sélectionneur de l’équipe de France de football : malgré un découvert de 826 222 euros, j’ai renoncé pour pouvoir continuer à boire du whisky irlandais sans vomir.
- Premier secrétaire du Parti Socialiste : de bons éléments mais aucune stratégie et trop d’erreurs tactiques impardonnables, je venais justement de décliner l’offre pour le poste de sélectionneur des Bleus.
- Négociateur à Copenhague : je me suis ruiné en nourriture bio sans faire baisser ma température corporelle d’un seul degré.
- Juge dans l’affaire Clearstream : je suis en possession d’un vrai listing de menteurs patentés qui figuraient tous à l’instruction, qu’ils fussent plaignants ou mis en cause.
- PDG de Sanofi Aventis : j’aurais mis tout l’argent dans la recherche contre des maladies bénignes, comme le sida ou le cancer, provoquant ainsi des milliards de morts à cause de la grippe A.
- DRH chez France Télécom : j’ai exigé des ressources et de l’humanité, on m’a répondu qu’il n’y avait pas d’abonné au numéro que j’avais demandé.
- Journaliste de presse écrite : le poste n’est plus à pourvoir.
- Blogueur : le profil recherché et la description du poste ne me sont jamais parvenus.
- Médecin de star : j’ai proposé d’opérer Thierry Henry pour un problème au canal carpien, on m’a assuré que sa main pouvait encore servir.
- Dieu : je ne suis pas encore mort, moi.
Cela dit, 2010 sera très différent de 2009. En bien ou en mal, mais différent, forcément différent. C’est ce que l’on pense tous les ans entre le 24 et le 31 décembre, période durant laquelle chacun est dans son état normal, affiche une lucidité à peine alcoolisée et un optimisme aussi sain que son estomac.
En conséquence, à titre personnel, en 2010, je suis résolu à accepter n’importe quelle mission, même impossible (directeur du Pôle Emploi, vendeur de congélateur dans une maternité, professeur d’histoire et de géographie à l’Ecole des Mines, nègre de Marc Lévy, rédacteur des œuvres complètes d’Amélie Nothomb sur Twitter, etc.). Ca me permettra peut-être d’être moins cynique et moins mégalo quand arrivera décembre. Quoique.
Pour vous aussi, je souhaite le meilleur, rien de moins.
Très belle année à tous.
Ceux qui ont pris l'habitude de recevoir ma petite contribution annuelle à la tradition des bons voeux me pardonneront par avance un léger goût de déjà lu (les habitants de Facebook doublement).
Le millésime 2009 ressemble furieusement au 2008. Une robe bien rouge et opaque, une certaine amertume mais pas d'aigreur, un degré d'alcool élevé, pour oublier.
En quelques mots, les effets pervers et néanmoins conjugués d'un double CDD, de la crise mondiale (celle qui ne souffre pas du mal de dos) et de quelques divergences de vue sur la ligne éditoriale et la stratégie pour faire de T3 un magazine florissant à l'heure où la presse française éclate de bonne santé mettent un terme à mon incursion inopinée dans le monde merveilleux de la high-tech.
Ceux qui me font l'honneur de leur affection écraseront une larme, même virtuelle. Ceux que j'agace se frotteront les mains en se sentant quand même un peu coupables de se réjouir du malheur des autres. Ceux qui s'en moquent, s'en moqueront.
Avant de recevoir le même cadeau de Noël que l'année dernière (ce que je pensais réservé à l'entourage de personnes souffrant d'Alzheimer), j'avais envisagé quelques pirouettes désopilantes, deux ou trois phrases choc qui dénoncent, un soupçon de sentimentalisme savamment distillé pour ne pas non plus tomber dans la guimauve.
J'aurais essayé de vous arracher un sourire en vous proposant d'attribuer à Jérôme Kerviel et Bernard Madoff le prix Nobel d'escronomie, pour l'ensemble de leur oeuvre et pour encourager le monde de la finance a poursuivre dans la voie qui nous rend tous tellement plus heureux et tellement plus confiants dans l'avenir, le nôtre, qui nous importe le plus, en fieffés égoïstes que nous ne cesserons jamais d'être, et celui de la planète, qui nous tire une larmichette lorsque nous décrochons le pistolet de la pompe à essence pour remplir le réservoir de notre automobile fière de son absence de malus écologique.
Je vous aurais appris que la crise ayant révélé tant de mensonges, il fallait s'attendre à découvrir que Barack Obama n'était ni sincère ni noir et que, si ça se trouve, il n'avait aucune chance de changer le monde. Si ça se trouve.
J'aurais peut-être provoqué un émoi légèrement outré chez les sympathisants de l'UMP en formant le voeu que les époux Sarkozy cessent de se tripoter en public pour faire croire à une idylle dont tout le monde voit bien qu'elle n'est qu'une union politico-médiatique de circonstance destinée à endormir les beaufs concupiscents et onanistes, ainsi qu'à hypnotiser les midinettes écervelées qui envoient des SMS à la Star Ac'.
J'aurais enfin tenté de vous réconcilier avec le genre humain en vous faisant remarquer que, de Gaza à Jérusalem, de Karachi à Bombay, de Khartoum à El-Fasher, de Pékin à Lhassa, de Moscou à Tbilissi, ou de Kinshasa à Goma, on n'est pas absolument obligé de prendre sa voiture pour aller se foutre sur la gueule, ce qui est quand même mieux pour l'environnement.
Au lieu de ça, je vais encore vous tendre ma sébile de sans emploi en vous priant de ne pas tout à fait m'oublier et de retourner dans vos bases de données pour y renseigner ma fiche toute froissée avec mes nouvelles nouvelles coordonnées.
Promis, lorsque je me ferais encore virer, en décembre 2009, je vous enverrai une carte virtuelle, avec de la neige, des enfants qui rient et des étoiles qui brillent dans le ciel quand on clique dessus, accompagnée d'un simple mais efficace : "Bonne Année".
Une fois de plus, en cette fin d’année, j’aurais aimé ciseler quelques sentences définitives et plus ou moins drôlatiques.
Pour ceux que tant de prétention agace et qui lèvent les yeux au ciel. Pour ceux qui les attendent fidèlement et sourient chaque fois sans arrière pensée, bon public de ma prose parfois inspirée. Pour ceux qui relisent deux fois le nom de l’expéditeur en se demandant bien comment ils ont pu se retrouver dans mon carnet d’adresses. Pour ceux qui manquent d’imagination à l’approche des laïus obligés, le doigt sur la fonction copier/coller.
Mais, depuis le 4 décembre, vers 15h30, j’ai un peu cessé de croire au Père Noël libéral et aux bonnes résolutions de l’entreprise moderne en mouvement.
Après 4 ans d’une aventure riche en rencontres et en expérience acquise, on m’a remercié, mais, curieusement, sans compliments ni effusions. J’en ai déduit que ça n’était pas vraiment un merci. Plutôt un adieu.
Au risque de faire pleurer Margot, vous me pardonnerez d’oublier momentanément la faim dans le monde et l’avenir de la planète pour formuler deux vœux parfaitement égocentriques.
Que les relations nouées avec beaucoup d’entre vous au fil de ces années soient aussi durables que le développement du même nom.
Que mes proches ne soient jamais déçus de la confiance qu’ils placent en moi.
Vivement 2008.
Après 2006, année
sélective qui nous a un peu tapé sur les Verts, voici 2007, année élective qui
va nous casser les urnes.
Au menu :
- Garder par-devers soi toutes les promesses qui ne seront pas tenues pour se dire qu'on ne nous y reprendra plus, au moins... jusqu'au prochain scrutin.
- Connaître tous les gestes respectueux de l'environnement avant de prendre sa voiture pour aller travailler en roulant au pas sur le périph.
- Consigner le nom des 10 espèces animales qui disparaissent chaque jour et dont on espère que ce sont essentiellement des moustiques qui gâchent nos vacances au Club.
- Mémoriser les prénoms des 20 enfants de moins de 5 ans qui mourront de faim durant le temps qu'il faut pour terminer le foie gras qui reste du réveillon.
- Dresser l'inventaire des pays qui n'ont pas aboli la peine de mort, sauf pour les dictateurs de plus de 90 ans.
- Noter scrupuleusement tous les mots incompréhensibles inventés par nos enfants pour leurs vains textos hors forfait ou leurs dialogues inutiles sur MSN. Les comparer aux expressions désuètes que l'on s'obstine à employer en espérant se faire comprendre d'eux alors que le monde qui vient sera le leur et plus le nôtre.
- Mettre noir sur blanc toutes les anecdotes que l'on raconte systématiquement de la même façon, au mot près, afin de se surprendre soi-même et de se donner le sentiment d'être enfin quelqu'un d'autre.
- Répertorier les endroits où il est possible d'avoir laissé les clefs de la maison qu'on cherche toujours au moment de sortir en retard.
- Reconstituer la liste de toutes les bonnes résolutions qu'on a prises à chaque jour de l'an afin de se persuader qu'on peut les oublier définitivement.
- Etablir la nomenclature de nos 10 films, 10 albums,
- Compter sur les doigts d'une main de Maurice Herzog les gens auxquels on tient et qui vous le rendent bien.
Bonnes miscellanées 2007 !
PS : Ne prenez pas pour argent comptant ce cynisme mondain et engagez-vous. Pour ou contre, individuellement ou collectivement. C'est l'année ou jamais.
Je ne sais pas, vous, mais, en ce qui me concerne, la plupart de mes souhaits pour 2005, pour ne pas écrire la totalité, ne se sont pas exaucés, mais alors pas du tout, hein. La paix dans le monde, le chômage à 0%, de l'espoir pour les 7 millions de Français qui vivent avec moins de 750 € par mois, un bon film avec Gérard Depardieu, un moyen simple pour ôter le film plastique qui recouvre les CD, un truc pour prévenir la chute de la lunette des toilettes en pleine mixion. Impossible.
Quant aux résolutions, bonnes ou mauvaises, c'est un peu comme à l'ONU, il y a toujours une partie de soi-même qui pose son veto.Qui plus est, le rituel des voeux est une chose foncièrement impudique qui en dit long sur celui qui les exprime. Les plus terre-à-terre mettent en avant l'argent, les plus naïfs parient sur l'amour, les hypocondriaques misent sur la santé, sans parler des obsédés sexuels qui fantasment sur le fait de rencontrer, enfin, une vraie nymphomane ou le coup du siècle. Il y a aussi ceux qui font comme s'ils se préoccupaient de vous alors qu'ils ne pensent qu'à leur bonheur à eux.
Et puis, il y a les prétentieux qui vous infligent des laïus interminables, censément originaux, pour faire genre, dans le seul but d'aller à la pêche aux compliments. Ce sont les pires.
Bref.
Pour toutes ces raisons, je vous propose un programme simple à appliquer : plus d'action que de réflexion, plus de projets que de rêves, plus d'écoute que de ressassement, plus de curiosité que de repli sur soi, plus d'émotions que de routine.
*Traduction pour nos amis anglophones : "Happy New Year" (c'est fou ce que cette langue est beaucoup plus concise que la nôtre).
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