Sophia Aram cumule de nombreuses tares. C’est une femme, jolie bien que basanée, titulaire d’une tranche de choix dans la matinale de France Inter, et qui se pique de commenter les élections cantonales alors qu’elle n’est qu’une vulgaire comique sortie de la cuisse de Jamel Debbouze. Aux yeux des analystes politiques patentés qui sévissent indifféremment dans les médias traditionnels ou sur les réseaux sociaux, tout cela devait finir par se payer un jour.
Il aura fallu deux mots pour que le signal de la curée soit lancé : « gros » et « con ». Séparément, c’est en soi subversif, surtout à une heure de grande écoute. Ensemble, c’est une bombe à côté de laquelle l’explosion tant espérée en direct au 20H de la centrale de Fukushima-Daiichi n’est qu’un éternuement étouffé d’éditorialiste en disponibilité sur un pupitre de Sciences-Po.
Or donc, selon l’effrontée Sophia, les électeurs du Front national seraient tous des « gros cons ». « Halte là, malheureuse ! », reprend le chœur des professionnels de la profession. En substance, ils nous déclarent, les yeux au ciel en se pinçant le nez : « C’est exactement le contraire de ce qu’il faut faire pour combattre le Front national ».
Ah oui ? Parce qu’il y a quelqu’un, dans la salle, qui sait ce qu’il faut faire pour combattre le Front national ? Mais qu’il s’avance, ce courageux Saint-Michel éclairé, capable de terrasser le dragon bleu blanc rouge. On n’attendait que lui ! À gauche, pour renier Voltaire et son « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». À droite, pour arrêter de siphonner la cuvette des chiottes et se prendre toute la merde dans la gueule.
Sophia Aram n’est en tout cas pas la Jeanne d’Arc de cette cause perdue. L’attaquer sur ce terrain, c’est faire semblant de croire qu’elle en aurait la prétention, pire, le pouvoir. Quand on sait ce qu’on sait, qu’on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce qu’on entend, cela fait juste un bien fou de se défouler, parfois. Ni plus ni moins.
La vérité, c’est que personne n’a jamais su quoi faire avec ce parti légal au programme illégal. Manier la condamnation ou l’argumentation n’a jamais empêché qu’au gré des échéances, ce mouvement attirant aux idées repoussantes se maintienne à un niveau tel qu’on ne puisse l’ignorer. Aucun chroniqueur radiophonique, aucun journaliste spécialisé n’y changera rien tant que tous les Français sans exception n’auront pas retrouvé un petit bonheur tout simple : la joie de vivre.
Les kiosques, les librairies, les bibliothèques, les médias audiovisuels et l’Internet regorgent de livres savants, d’articles circonstanciés et d’opinions étayées sur l’idéologie sous-tendue par le Front national. Globalement, ces sources contradictoires sont accessibles à tous, pour des sommes nettement inférieures à des écrans plats, des consoles de jeux ou des 4x4 de fabrication roumaine. Enfin, à tous sauf aux paresseux pathétiques, aux râleurs pathologiques, aux incultes haineux et aux trouillards congénitaux.
Informés ou ignares, ceux qui utilisent leur droit de vote pour cautionner des idées nauséabondes, moi, qui ne suis ni saltimbanque ni du sérail, ni poli ni politologue, avec Sophia Aram, j’appelle ça des gros cons.
Ouf nous sommes donc au moins trois a appeler ces gens par leurs noms.
Rédigé par : elodie | 24 mars 2011 à 20:06