Enfant, Alain Milliat, fils d'exploitants agricoles, rêvait d'être berger. Aujourd'hui, il porte le costume avec élégance et se presse pour ne pas rater son TGV. Mais il n'a jamais vraiment quitté Orliénas (Rhône), à une vingtaine de kilomètres de Lyon, là où tout à commencé. Là où il a entrepris de valoriser les vergers de ses parents puis de créer sa propre fabrique de jus, nectars, confitures et compotes de fruits. Le siège de la société est toujours là-bas. En revanche, l'unité de production est située au pied des Pyrénées, dans la zone d'activités du Couserans, sur la commune de Lorp Sentaraille (Ariège), à une heure au sud de Toulouse.
Il ne revendique aucun secret de fabrication, juste une recherche permanente du produit parfait, du degré idéal de maturation et du bon moment pour embouteiller ou mettre en pot. Pour cela, le monde entier est sa maison et, chaque fois que cela est possible, la matière première est extraite sur place. En quelques années, il a bâti un petit empire. On trouve ses réalisations dans les meilleures échopes et sur les plus belles tables du monde.
Il lui manquait pourtant un pied-à-terre parisien pour le grand public. Une épicerie ? Trop restrictif. Un salon de thé ? Trop convenu. Une boutique-restaurant ? Banco. Dans un quartier un peu coincé, à deux pas du Champ de Mars et des Invalides, Alain Milliat a donc investi le rez-de-chaussée et la cave du 159 de la rue de Grenelle (7e). Couleurs vives, atmosphère cosy, on y prendrait bien une infusion avec mamie. Mais le pari est décidément plus audacieux.
Le chef John Irwin, passé par les cuisines de Pierre Gagnaire et d'Akrame Benallal, en a sous le pied. Sans chambre froide et dans un espace réduit carrelé de jaune moutarde (ça pète !), il envoie des oeufs cuits à 62°C en réussissant à (me) faire manger du quinoa noir en risotto al dente, mais aussi du boeuf Black Angus saisi sans concession, avec oignons, entiers et en compotée acidulée, ou une manière de "frappuccino" café, chocolat, vanille, clémentine, à la fois glacé, crémeux et craquant. On peut même tenter des accords fromage-confiture, il suffit de se retourner pour attraper des pots de 28 g.
La carte est courte (2 entrées, 2 plats, 2 desserts), mais change sans cesse. C'est franc et précis tout en restant évolutif d'un service à l'autre (Alain Milliat teste tout). C'est en tout cas une alternative bienvenue aux brasseries cossues des alentours mais aussi aux deux stars de la rue Saint-Dominique, toute proche, Christian Constant et Jean-François Piège.
> Boutique-restaurant Alain Milliat // 159 rue de Grenelle 75007 Paris
> Réservation : 01 45 55 63 86
> Menus : 22-28 € (déjeuner) // 29-36 € (dîner) // 55 € (2 entrées,
2 plats, 1 dessert)